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littérature américaine - Page 6

  • Les Suprêmes d'Edward Kelsey Moore

    Les Suprêmes

    de

    Edward Kelsey Moore

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    "Je me réveillai en nage ce matin-là. J'avais dormi profondément, ma chemise de nuit me collait à la peau, le visage me picotait. Troisième fois cette semaine. 4h45 luisait au réveil posé sur la coiffeuse à l'autre bout de la chambre. J'entendais le ronronnement du climatiseur et sentais l'air me caresser les joues."

    Dans une petite ville de l'Indiana, trois quinquas afro-américaines se retrouvent tous les dimanches après la messe chez Big Earl, un restaurant du coin.

    Surnommées les "Suprêmes", Odette, Clarice et Barbara Jean sont amies depuis l'adolescence. Ainsi, elles ont traversé ensemble toutes les épreuves de la vie.

    Mais quand le cancer frappe l'une d'entre elles, vient le temps des remises en question..Et si elles changeaient le cours de leur existence?

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    Edward Kelsey Moore

    Avant de commencer ce blog, j'avais été enchantée par ma découverte de la Couleur des sentiments. Je me souviens avoir eu beaucoup de mal à laisser de côté cet ouvrage.

    Aussi, quand une de mes collègues m'a parlé des Suprêmes en me disant que c'était un roman dans la même lignée, je n'ai pas hésité.

    Dès les premières pages, on fait la connaissance de trois femmes. Trois voix qui s'entremêlent et interpellent tour à tour le lecteur.

    Vous savez comme j'apprécie la structure chorale dans un livre et j'ai trouvé qu'elle se justifiait totalement avec ce titre et permettait de mieux comprendre les ressorts de chacune des trois suprêmes.

    Odette, l'intrépide née dans un sycomore, celle qui n'a pas sa langue dans sa poche, celle qui défend ceux qu'elle aime à tout prix, celle qui a un cœur énorme...

    Clarice, celle qui a reçu la meilleure éducation, celle aussi qui a reproduit le schéma de sa mère en acceptant les infidélités de son époux adoré, celle qui veut toujours que ses amis soient tirés à quatre épingles et respectent les convenances, celle qui oublie en somme que parfois la vie dépasse les cadres fixés

    Barbara Jean, la "bombe", celle qui a toujours été élevée dans l'idée de faire un riche mariage, celle qui noie ses malaises dans l'alcool, celle qui dissimule les plus lourds secrets

    Ce qui lie ces trois personnages a priori si désaccordés, c'est une amitié profonde. De celle qu'on ne calcule pas et qui s'impose tout simplement à nous.

    D'année en année, comme nous le découvrons, elles ont toujours été là l'une pour l'autre. Chacune à sa manière. Parfois en silence.

    Les Suprêmes se révèlent donc un magnifique hymne à l'amitié. De celle qui dure. De celle qui peut tout affronter, même les pires noirceurs.

    De plus, cette œuvre offre une réflexion sur l'amour. Grâce aux idylles des trois héroïnes, toutes les facettes de ce sentiment sont évoquées. Aussi bien la passion que l'amour fidèle et durable.

    La problématique raciale est également abordée. Même si elle est moins prégnante que dans la Couleur des sentiments, on perçoit bien les affrontements interraciaux, les débordements possibles, la haine de certains et l'impossibilité pour un Blanc et une Noire de s'aimer.

    Un des autres atouts de ce livre réside dans son côté profondément humoristique. Même si l'auteur parle de choses graves qui nous touchent tous à un moment de notre vie (décès de proches, maladie...), il ne joue jamais la carte du pathos. Forcément, certaines pages nous remuent...Très vite, d'autres nous amusent. Ne serait-ce que celles où Odette nous parle de ses discussions avec le fantôme de sa mère et celui d'Eleanor Roosevelt, toujours ivre.

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai vraiment beaucoup aimé cet ouvrage feel-good, je ne suis d'ailleurs pas passée loin du coup de cœur. J'espère d'ailleurs que vous vous assiérez bientôt autour d'une table avec les Suprêmes chez Big Earl.

    Actes Sud, 2014, 315 pages

    En bonus, je n'ai pas pu résister au plaisir de vous mettre un lien vers une chanson des Suprêmes.


     

     

     

  • Nous les menteurs de E. Lockhart

    Nous les menteurs

    de

    E. Lockhart

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    "Bienvenue dans la splendide famille Sinclair.

    Chez nous, il n'y a pas de criminels.

    Pas de drogués.

    Pas de ratés.

    Les Sinclair sont sportifs, beaux, sveltes. Nous sommes une vieille fortune. Nos sourires sont étincelants, nos mentons carrés, nos services de fond de court agressifs.

    Qu'importe si les divorces nous lacèrent le cœur au point que notre pouls se débat. Qu'importe si les comptes fiduciaires se réduisent comme peaux de chagrin; si les relevés de cartes de crédit impayés traînent sur la table de la cuisine. Qu'importe si les flacons de cachets s'amassent sur la table de nuit."

    Il était une fois un Roi, ses trois filles et ses sept petits enfants.

    Tout ce beau monde semblait avoir reçu au berceau les plus grands dons: beauté, fortune, intelligence...

    Tout ce beau monde se retrouvait sur leur île privée chaque été.

    Parmi ces élus, on distinguait un groupe en particulier:Johnny, Mirren, Gat et Cadence, la narratrice alias les Menteurs.

    Pendant deux mois, l'île résonnait de leurs éclats de rire et frémissait devant leurs 400 coups.

    Jusqu'au jour où le destin implacable a frappé ce royaume.

    En effet, Cadence a été retrouvée, amnésique, sur la plage.

    Depuis, le conte de fées a viré au cauchemar. Et, pendant deux longues années, elle a été bannie du domaine des Sinclair.

    Par autorisation spéciale du Roi, elle a été finalement réintroduite à la Cour.

    Ne lui restait qu'à prouver qu'elle méritait bien cette grâce.

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    Lorsque j'ai commencé à travailler au secteur jeunesse de ma médiathèque, on m'a fortement conseillé les ouvrages d'E. Lockhart. Et, je dois reconnaître que j'ai passé des heures délicieuses, plongée dans La fabuleuse histoire de la mouche coincée dans le vestiaire des garçons ou le Journal d'une allumeuse.

    Aussi, quand ce nouveau titre est paru et a reçu un accueil très favorable sur de nombreux blogs et dans la presse, j'étais plus qu'enthousiaste à le découvrir.

    Malheureusement, cette lecture a représenté le premier vrai flop de mon mois.

    Certes, je lui ai trouvé des qualités stylistiques indéniables. L'auteur entremêle habilement plusieurs schémas narratifs et plusieurs époques. S'intercalent ainsi des comptes-rendus des années passées sur l'île et des contes/paraboles dont la morale s'éclaire par la suite.

    De même, j'ai pas mal adhéré au concept de famille maudite. Avec ces Sinclair, on a l'impression d'assister à une descente aux enfers, digne de celle qui frappe, dans la mythologie grecque, les foyers et descendances d'Oedipe ou d'Agamemnon. Victime de leur "ubris", ils se condamnent à la décadence.

    Cependant, malgré cet aspect"roman à tiroirs" et cette tonalité hautement dramatique, je suis passée à côté de cet ouvrage.

    Peut-être parce que justement, je suis trop familière de ce procédé d'intrigue et que je n'ai pas été surprise par les retournements de situation

    Peut-être parce que, dès les premières pages, j'avais compris le mystère autour de cet été particulier et de l'amnésie de la narratrice (alors que tout, à l'instar d'un roman policier, ne doit être révélé que dans les ultimes lignes)

    Peut-être parce que je n'ai pas ressenti d'empathie ou d'intérêt pour cette héroïne

    Peut-être parce qu'en reprenant de nombreux codes ou en multipliant les références (par exemple, les tragédies grecques ou Roméo et Juliette), E. Lockart m'a perdue en chemin

    Peut-être parce que, même si les chapitres s'enchaînent très rapidement, j'ai laissé parfois mon imagination vagabonder, bien loin des péripéties décrites

    Peut-être parce que je n'ai pas compris les motivations derrière cette tragédie et que je n'aime pas rester dans le flou

    Peut-être parce que certaines scènes d'explication entre les Menteurs frisent la caricature

    Peut-être parce que tout a déjà été dit autour de ce genre de sujet et que je ne considère pas que la voix d'E. Lockhart amène quelque chose de neuf

    Peut-être parce que...

    Bref, vous l'aurez compris: ce livre  a représenté une vraie déception pour moi.

    Gallimard Jeunesse, 2015, 272 pages

     

     

     

     

  • Un doux pardon de Lori Nelson Spielman

    Un doux pardon

    de

    Lori Nelson Spielman

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    "J'ai subi cela pendant cent soixante-trois jours. J'ai relu mon journal intime plus tard pour compter. Et voilà qu'elle a écrit un livre. Impensable. Cette femme est une étoile montante. Une experte en pardon, quelle ironie. Je contemple sa photo. Elle est encore mignonne avec sa coupe garçonne et son nez retroussé. Mais son sourire est désormais sincère, ses yeux ne sont plus moqueurs. A la simple vue de son visage, pourtant, mon coeur bat la chamade."

    Hannah Farr, 34 ans, a une vie a priori particulièrement épanouie. Elle habite la Nouvelle-Orléans, anime son propre show sur une chaîne locale le matin et sort avec le maire de la ville.

    Pourtant, quand Fiona Show lui adresse deux pierres du pardon, cette façade heureuse semble se fissurer. En effet, non seulement cette volonté de guérir de vieilles blessures va entraîner un certains chaos dans l'existence de ses proches mais elle va également pousser la jeune présentatrice à s'interroger sur certains événements douloureux de son passé.

    Et si, pour construire un avenir solide, il fallait tout risquer?

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    Vous vous souvenez peut-être que le premier roman de Lori Nelson Spielman figurait parmi mes lectures préférées de l'année 2013. Depuis, je n'ai cessé de le conseiller à mon entourage. Toujours avec le même succès.

    Aussi, vous imaginez aisément mon impatience de découvrir son nouvel opus, sorti au début du mois de mai.

    Comme dans Demain est un autre jour, on fait la connaissance d'une héroïne de 34 ans. Une jeune femme à qui tout semble réussir: métier, amitié, couple...

    Pourtant, quelques grains de sable enrayent le mécanisme de cette belle machine du bonheur. Des grains de sable au début à peine perceptibles: une belle-fille récalcitrante, une nouvelle collègue ambitieuse...

    Quand Hannah Farr reçoit un courrier de Fiona Show, son ex-bourreau du collège, avec deux pierres du pardon, elle préfère l'ignorer. Mais le succès de cette théorie et l'envie de faire un reportage dessus l'oblige à se confronter à ce phénomène.

    Elle en parle autour d'elle, convainc même une vieille amie de les utiliser...Elle commence même à se demander si elle ne devrait pas poursuivre la démarche prônée et renouer les liens avec sa mère.

    Et c'est justement cette décision qui va faire s'effondrer tous ses châteaux de sable.

    Sur plein de plans, Hannah se retrouve dans la tourmente. L'occasion peut-être pour elle de se recentrer sur ce qui compte vraiment et de faire le tri dans ses relations.

    Ce qui m'a immédiatement frappée dans cette lecture, c'est la ressemblance avec le précédent ouvrage.

    Ressemblance dans certaines des thématiques abordées: remise en question, courage d'aller de l'avant, changement de vie, mauvais choix, épanouissement personnel...

    Ressemblance dans le choix de la protagoniste: même âge, même vie apparemment réussie, même difficulté à se laisser aller, même manque de confiance et de respect de soi-même, même gentillesse...

    Ressemblance enfin dans la construction de l'intrigue avec le leitmotiv de tout remettre à plat pour mieux avancer.

    Pourtant, malgré ses points communs avec Demain est un autre jour, cette nouvelle œuvre se lit avec plaisir.

    Peut-être parce qu'on est captés par cette écriture cinématographique, ce sens des situations...

    Peut-être car, même si on se doute de l'issue, comme dans toute bonne comédie romantique, le chemin, qui y mène, avec son lot de rebondissements, se révèle fort agréable...

    Peut-être car l'histoire se double d'une réflexion intéressante sur le pardon et ses conséquences. Je n'avais jamais entendu parler de ces "pierres du pardon"(l'une pour demander des excuses l'autre pour les accepter) et je considère que cette notion nous amène à nous interroger sur nos propres moyens d'effacer nos erreurs passées.

    "Ne sais-tu pas qu'au fond de nous, nous ne sommes que des tourbillons de honte? Je crois que c'est justement là que réside la beauté de ces pierres idiotes. Elles nous donnent la permission-l'obligation même-d'être vulnérable"

    Les pages se tournent facilement. Puis, arrivent les derniers chapitres. Je dois reconnaître que cette partie de l'intrigue m'a moins convaincue, tant par les facilités de résolution de certains nœuds de l'intrigue que par le suspense laissé sur un point important. Or, dans ce genre de livre, je n'apprécie pas que certains mystères persistent et j'aurais préféré une réponse plus nette.

    Bref, vous l'aurez compris: ce roman constitue un bon moment de lecture, même si je regrette de ne pas avoir retrouvé la magie de Demain est un autre jour.

    Un grand merci au Cherche-Midi pour cet envoi.

    Cherche-Midi, 2015, 434 pages

    Billet dans le cadre du challenge Un pavé par mois de Bianca.

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